lundi 25 avril 2011

Direction le Pakistan.





En plus d’être un grand lieu de pèlerinage, Amritsar est également une étape pour toute personne désirant se rendre au Pakistan. En effet, le seul point de passage entre les deux pays est situé à une trentaine de kilomètres de la ville au Temple d’Or.

Tous les jours, quelques rares étrangers, mais aussi des Indiens ou des Pakistanais traversent la frontière, après plusieurs heures de transit, de vérifications et de papiers administratifs dont on raffole de ce coté du globe.
Mais en fin d’après midi, la frontière se ferme, et cela est l’occasion d’une cérémonie plutôt étrange.
Plusieurs milliers d’indiens convergent tous les soirs vers le poste frontière pour assister à la cérémonie qui entoure la descente des drapeaux indiens et pakistanais de chaque coté de la frontière.

Arrivé près de la frontière, une fois descendu du taxi, des vendeurs sautent sur les arrivants, et une fois n’est pas coutume, ils passent plus de temps à essayer de vendre leur produits aux indiens qu’aux étrangers. Leurs produits, ce sont des drapeaux indiens, des splendides visières, des t-shirt ou des turbans, le tout aux couleurs du pays. Il parait qu’il faut avoir tout cet attirail pour « encourager l’Inde contre le Pakistan ».

Vous l’aurez sans doute compris, les relations entre les deux pays sont compliquées, et cet événement de la frontière est très particulier pour les indiens (Pour les pakistanais aussi d’ailleurs). Tout le monde se dirige vers la frontière, ou des tribunes ont été aménagées de chaque coté de la route. La foule est déjà très nombreuse, et n’en fini pas d’arriver. J’arrive à me trouver une place, pas trop entassé parmi la foule (du moins pas encore) et j’essaye de comprendre ce que je vois :

J’ai l’impression d’être dans un stade banal, sauf que celui-ci est traversé dans la longueur par une route, et qu’il est coupé dans la largeur par deux grands murs et deux portes en métal au niveau de la route. Cela délimite la frontière entre les deux pays. Chacune des portes est peinte aux couleurs du drapeau du pays, ce qui n’est pas d’un meilleur goût, mais on ne rigole pas avec le patriotisme ici!

Dans chaque tribune (coté indien et coté pakistanais), les hommes et les femmes sont séparés (sauf quand on est VIP) et chacun encourage son pays…
Pour tout ce qui va suivre, imaginez un miroir entre la partie indienne et la partie pakistanaise. Le but étant de faire dans la surenchère permanente. Une sono infâme crache de la musique, le but étant d’avoir le son plus fort que celle du voisin située 20m plus loin. La musique n’a pas grand-chose de traditionnelle, et cela ressemble plus à de la musique de night club des années 80-90 mais peut être que c’est la musique du moment ici. Sur ce point je n’ai pas souhaité en savoir plus!
Pour chauffer la foule, un animateur tout de blanc vêtu (impossible de le louper) crie dans le micro, et demande à des volontaires de venir agiter le drapeau indien devant la foule en délire. C’est rigolo pour les trois premiers volontaires, au bout de 250 je m’impatiente un peu… La musique devient un peu plus patriotique, des chants célébrant l’Inde se font entendre et le public reprend en cœur. Puis, peu être parce que le timing n’était pas au point, retour de musique très moderne cette fois ci, et là encore de nombreuses volontaires viennent danser sur la route. Je ne sais pas pourquoi il n’y a que des femmes, mais cela ne fait ni très sérieux, ni très militaire. C’est juste du grand n’importe quoi, mais tout le monde a l’air d’apprécier (Merci je ne suis pas encore complètement transformé en indien!). Après un certain temps, retour du grand empaffé qui sert de chauffeur de salle, il annonce quelque chose qui fait hurler la foule. Puis il commence à crier dans le micro Hindustan ce à quoi la foule répond Zindabad. Cela doit être le achic achic aie aie aie local! Après avoir bien postillonné dans le micro pendant environ 32 fois, les militaires commencent à s’agiter un peu.
L’un d’entre eux se dirige vers les grilles qui sont fermées, les ouvre, disparaît dans la zone mixte et revient tranquillement ensuite. Je le soupçonne fortement d’être de connivence avec son homologue pakistanais. Ils ont du s’assurer que tous les VIP étaient arrivés des deux cotés pour pouvoir commencer…
D’autres militaires sortent d’une salle de garde. Ils ont une étrange tenue, mais le plus étrange reste ce turban, digne d’un grand film de science fiction futuriste. En tout cas cela ne me semble pas très pratique les jours où le vent ne vient pas de face!  Toujours est-il qu’ils sortent les uns après les autres en gesticulant dans tous les sens mais d’une démarche qui à l’air très officielle. Ce n’est plus un pas de l’oie qu’ils font mais un véritable saut de flamand rose. Pour vouloir me désarticuler la jambe du reste du corps, je ne m’y prendrais pas autrement! Après quelques tours de piste ils s’immobilisent. Le gugus en blanc revient avec un micro tout neuf, hurle des Hindoustan Zindabad dans tous les sens. La foule est en délire complet et le fait de voir les 5 militaires se diriger vers la porte de la frontière semble décupler leur force. 
Du coté pakistanais c’est pareil. Le costume des militaires (je n’ose pas parler d’uniforme) est différent, et les mimiques de la parade aussi, mais on entend des Pakistan Zindabad qui montent de la foule. Les indiens se moquent d’eux. Cela ressemble un peu à un dialogue du genre « Hey, les Romains vous êtes des Romaines! ».
Enfin les militaires s’approchent de la porte pour de bon. Dans un mouvement à perdre les deux bras d’un coup, l’un d’entre eux ouvre la grille de toutes ses forces. Celle-ci se retrouve propulsée sans rien avoir demandé à personne (sauf peut être un changement de couleur). Je ne vous refais pas l’image de la foule en délire, mais cela continue plus que jamais. Finalement un second militaire vient franchir  la grille, et s’approche du mat du drapeau indien qui est de l’autre cote. Son homologue paki fait de même. Ils démêlent l’attache du drapeau en envoyant la corde en l’air de manière très théâtrale. Puis finalement, commence à descendre le drapeau. C’est un geste très technique car il ne faut en aucun cas que son drapeau ne se retrouve à un niveau inférieur du drapeau du voisin. Cela déclencherait un bel incident diplomatique sans aucun doute.


Une fois descendu, le drapeau est plié en deux secondes, les militaires indiens et pakistanais se font face, se font un petit combat du regard, une grimace et chacun retourne chez soi, non sans avoir de nouveau explosé la grille sur ses gonds. Ils doivent changer de grille toutes les 3 cérémonies.
Et voila, c’est fini, tout le monde applaudit, essaye de se diriger vers la frontière mais sont retenus par une chaîne qui empêche tout le monde de traverser.  Et tout le monde rentre chez soi. Les vendeurs sont de retour cette fois avec un DVD de la cérémonie. Non je ne suis toujours pas intéressé. Le temps de retrouver le taxi parmi les 854 présents sur le parking, je me dit que quand même cela doit faire drôle de traverser la frontière dans la journée et de passer à travers ce stade au milieu de la route. Je retrouve le taxi et il faut encore retrouver les autres indiens qui étaient dans le taxi et qui semblent s’être perdus dans la ligne droite puis on peut retourner vers Amritsar manger quelques chapatis!

Je n’ai pas franchement été au Pakistan, mais j’ai réussi à m’en approcher à moins de 20m en toute légalité ce qui n’est pas partout le cas. C’est un peu faible comme motif pour justifier l’après-midi d’attente quand même.
La prochaine fois j’irai au cirque, au moins il y a des lions et des tigres la bas !!

1 commentaire:

  1. Eh beh, ça m'a l'air d'être un beau cirque tout ça... Je sais pas ce que ça donnait en vrai, mais à lire c'est vraiment très marrant...

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