dimanche 22 mai 2011

Aujourd'hui en Inde, j'ai vu:

Je pense que vous avez du le comprendre de par vous même, et puis cela coule un peu de source mais c’est vrai: Le quotidien Inde, mon quotidien ici,  est plein de petits trucs qui font que je ne m’ennuie pas du tout.

Si j’ai écrit une liste des challenges quotidiens, celle qui suit serait plutôt son opposé. A savoir : Pourquoi il est bon de sortir dans la rue en Inde, d’ouvrir les yeux et d’attendre. L’inattendu ne mettra pas longtemps avant de venir, l’incongru sortira faire un tour et l’impossible sera présent partout autour de vous pour vous prouvez qu’il n’a pas raison d’être (impossible, si vous suivez toujours!).

Voici quelques exemples très simples, qui tous les jours me font franchement rire, parfois sans que mes collègues comprennent. Mais ce n’est pas grave, moi je m’amuse et suis surpris tous les jours!


Après presque trois mois ici, voici le premier épisode de la série :

Aujourd’hui en Inde, j’ai vu:

-          Un éléphant sur le périphérique de Delhi. Chargé comme un mule, (enfin dans des proportions d’éléphants, donc surchargé en fait!), à contresens (d’ailleurs quel est le bon sens après tout?), accompagné de son cornac.

-          Un vitrier transporter sa dernière vitre, (dimensions respectables de 2m sur 3m) assis à l’arrière d’une moto. Il tenait la vitre en mode pare brise, entre lui et le chauffeur. Ce n’est pas franchement aérodynamique, mais en dessous de 40km/h l’aérodynamisme ne compte pas après tout. Par contre cela donne l’impression de voir un mec dans un aquarium posé à l’arrière d’une moto. Et puis quand on connaît l’état des routes en Inde ou à Panipat, on se dit qu’il prend des risques un peu le garçon.

-          Une auto-rikshaw (tuk-tuk) avec des superbes autocollants 4x4 un peu partout. Oui mais il n’y a que trois roues sur ton tuk-tuk mec!

-          Un rikshaw, c'est-à-dire un vélo tirant une remorque adaptée au transport de passagers ou d’objets, faire le ramassage scolaire et promener 15 enfants dans la remorque. J’ai eu le temps de compter deux fois pour être sur parce qu’il n’allait pas vite, mais oui, au lieu de deux passagers habituels, il y en avait 15! Cartables compris. Par contre je n’ai pas compté le seizième qui courait derrière! Il avait peut être perdu à la courte paille.

-          Une moto, son pilote, deux passagers (jusqu’ici tout est normal) et une échelle en bambou de 5-6m maintenue verticale par les occupants du véhicule. Sur la highway ça passe, mais dans la ville il y a de quoi ramasser un sacré paquet de câbles électriques.

-          Une vache enjamber le parapet du périphérique de Delhi pour traverser la route.

-          Un tracteur et sa remorque filer tout droit sur le rond point, sans ralentir pour monter sur le bas-côté en brique pour éviter de faire le tour dudit rond-point.

-          Un tuk-tuk surchargé de personnes et autres objets (classique). Mais certains de ces objets étaient des grandes perches en bambous qui dépassaient par la fenêtre arrière, ce qui a permis à une femme en sari plutôt audacieuse de s’asseoir sur les perches plutôt que de rester debout sur le marchepied. Pour le confort je ne suis pas sur. Pour la crise de fou rire avec les collègues, merci!

-          Un réplique de dimensions assez impressionnantes, mais en carton de la basilique Saint Pierre de Rome qui permet d’accueillir les mariages. Très kitch, et très indien comme concept, mais en y réfléchissant je me suis dit que des européens seraient capables de faire pareil avec le Taj Mahal en fond de décor!

-          Des amandes dans un emballage en plastique précisant : «  Croque Monsieur Leerdamer » (en français dans le texte). Je tiens à dire que l’emballage m’a paru tout à fait authentique, et surtout conditionné pour la première fois. Ma théorie c’est que si il y a une usine à Croque Monsieur Leerdamer en Inde, ils ont du recevoir trop d’emballages et maintenant, ils les écoulent comme ils peuvent!

-          Des chaussures montantes de style Converse avec d’un coté un petit drapeaux américain, de l’autre Oussama Ben Laden, vêtu de son peignoir et barbe rasée qui faisait un petit sourire.

-          Des T-shirt très tendance cet été ici qui me font rêver : Des couleurs très flashys, une coupe très cintrée, et des catch- phrases du type «J’étais athée avant de me rendre compte que Dieu, c’était moi » 

-          De nombreuses personnes à vélo faire du moto-stop pour gagner du temps. Le plus rigolo c’est que ça marche, et que du coup ils retournent le vélo, selle du vélo contre la selle de la moto, bien en travers de la moto, les deux roues dépassant de chaque cote bien sur et  tournant au grés du vent. De loin on a l’impression de voir un vaisseau spatial bricolé par le Dr Emmet mais au siècle des cow-boys. De près, en fait on n’a pas envie de s’approcher de cet engin de près!

-          D’autres nombreuses personnes à vélos (et peu être même des récidivistes!) s’accrocher tels des rémoras aux camions qui passent pour avancer plus vite. « Oui, mais si le camion pile? », et bien on aura gagné quelques vélos dans le chargement, et le tout sera un peu plus tassé…

-          Des dizaines de personnes sur le toit des bus locaux. Déjà que dans le bus faut s’accrocher alors en haut… Le problème des câbles électriques à basse altitude subsiste ici aussi.

-          « Tiens, mon omelette est rouge. Réfléchis Fred, réfléchis. Euréka! C’est parce que la photo du journal était rouge! » Oui, ici le « à emporter » se fait dans du papier journal. D’ailleurs cela sert aussi de serviette, d’éponge, de torchon… C’est l’accessoire 28 en un de la cuisine indienne!

-          Un plombier qui transportait ses tuyaux dans sa remorque. J’ai énormément d’admiration pour les plombiers indiens : Un vélo, une remorque et les tuyaux qui dépassent de 4 mètres devant, 4 mètres derrière. Et ils roulent dans le trafic de manière très sereine. Pour les autres usagers de la route, c’est un vrai traquenard, parce qu’il ne faut surtout pas se tromper de coté pour doubler! Si on choisit le mauvais, on est enferme dans un trou spatio-temporel. Et les indiens, dès qu’ils sont dans un véhicule n’aiment pas attendre. C’est pour cette raison que les plombiers qui ont un peu de métier ont également des problèmes d’audition!

-          Des livreurs de frigidaires ou d’écrans plats accumuler leurs produits dans la remorque du vélo pour rentabiliser la tournée de livraison.

-          Un train passer au passage à niveaux. Ceci mérite une explication, c’est à ce jour ma plus grande incompréhension dans ce pays. Pour cela, mettons nous en situation :
           
            Titatitadou, je suis dans la voiture de l’entreprise sur la route du travail comme tous les jours. Tiens les camions, voitures, vaches, vélos, chèvres, bus piétons, tracteurs, chiens errants (ah non, pas les chiens errants) sont arrêtés au bord de la voie ferrée. En effet, le mec qui passe ses journées et ses nuits dans le bungalow de 3m² au bord de la voie, est sorti de sa cahute. Il a retiré le drapeau rouge habituellement planté sur la voie ferrée. Ensuite il a risqué sa vie pour interrompre le flux de véhicules précédemment cités afin de baisser une pauvre barrière en bambou et limiter l’accès.

            Demi performance parce que les piétons, animaux, et même quelques motos dont les pilotes sont suffisamment élastiques pour comprimer leurs vertèbres et rentrer leur tête dans les épaules en mode tortue ninja parviennent encore à passer sous la barrière. Lorsque la barrière est baissée, le mec peut agiter un mouchoir vert et prévenir son pote le cheminot! On entend un bruit perçant, le train arrive, un autre bruit perçant parce que ce n’est pas parce que qu’on est conducteur de train que l’on n’a pas le droit de klaxonner! Comme l’option devait être payante il faut la rentabiliser après tout! Bref je m’égare un peu là!
           

            Reprenons : Le train arrive, hurlant à la mort. Il roule très lentement, et surtout il est très, très, très long! Cela dure donc un bon bout de temps et fait râler tous les ahuris qui aimeraient bien traverser la voie. Mais attention, ce n’est pas parce que le train passe que les attentistes restent inactifs! En effet, à peine les barrières fermées, la file de véhicules s’est transformée en deux files, voire trois. Car dans un esprit de logique tout à fait indien, vu que personne ne peut venir de la file opposée, et bien on peut y aller nous! Du coup les véhicules les plus agiles se faufilent entre les camions et se disposent en trois files de front à attendre devant la barrière que le train passe, et que 10 minutes après le préposé à la barrière est fini son sodoku ou son tchai pour re-ouvrir le passage. (Les chiens errants et piétons ne l’ont pas attendu vous vous en doutez bien).
           
            Le seul problème c’est que lorsque le train a fini de passer, on se rend compte que : Damnation, il y a aussi des indiens de l’autre coté de la voie, et que re-damnation, eux aussi ont eu le même réflexe que nous! Du coup, on se retrouve un peu bloqués. Les motos qui étaient au premier rang commencent l’assaut vers la ligne adverse, les  autres véhicules embrayent tant bien que mal et c’est la guerre générale. Surtout que jamais de la vie un indien n’utilisera la marche arrière de son véhicule (c’est une question d’honneur, de vie ou de mort). Donc en moins de 47 secondes la situation est complètement bloquée, tout le monde pousse tout le monde, tout le monde hurle. Les vélos tentent des sorties hors pistes audacieuses. Les vaches décident de faire une pause et ne facilitent pas vraiment la situation. Et le préposé au passage à niveau retourne finir son mot croisé dans l’indifférence la plus totale. Lui il est la pour baisser les barrières, épicétout!
           
            Saupoudrez la scène de poussière épaisse, imaginez vous sous 45 degrés, confiné dans une voiture sans pouvoir remuer (vous n’avez pas oublié que l’action se passe en Inde j’espère!), et profitez…
Il ne reste plus qu’à attendre que cela se débloque. La dernière fois cela a pris environ 45 minutes, et encore j’ai eu de la chance dans mon malheur parce que ma voiture est arrivée dans les premières au niveau de la barrière après le début des festivités! C’est donc un peu le suspens tous les matins.

Cela valait bien quelques explications!

Remarque 1: Cela fait une longue liste et pourtant j'ai l'impression de ne décrire que trois jours d'observation. Le pire c'est que j'ai oublié pas mal d'autres situations, mais elles se reproduiront sans tarder pour la plupart!

Remarque 2: Si quelqu'un à une technique pour mémoriser ailleurs que dans ma tête ces instantanés, je suis preneur et je fais partager en images à tout le monde. Pour les plus sceptiques, je n'invente rien, j'essaye juste de décrire du mieux possible.

2 commentaires:

  1. Hey Fred!
    Quand j'ai lu ton article, j'ai trouvé que par certains cotés la Roumanie ressemble beaucoup à l'Inde. y a des chiens errants partout en ville. Dés qu'on sort de Bucarest, on voit des charettes partout sur des routes défoncées (partout des charettes dans Bucarest mais c'est interdit normalement), les charettes ont même des plaques d'immatriculation...
    Partout y a des tonnes de cables accrochées au poteaux: je sais pas comment ils font pour s'y retrouver, en tout cas le réseau cablé Internet est très rapide.
    J'ai un passage à niveau à coté de mon boulot et c'est une sacré affaire: les barrières sont fermées 10 min avant le passage du train, les trains passent souvent très lentement; ca prend même 15 min quand un train passe dans chaque sens. Comme c'est que des demi-barrière, parfois certaines grosses voitures ne veulent pas attendre et passent en travers du passage à niveau!
    Continue de nous donner tes annecdotes, ca fait toujours rigoler même si ici y en a des bonnes parfois.
    A+
    Guilhem

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  2. mais ils sont fous ces....indiens!!! je comprends mieux pourquoi tu disais au debut que tu etais arrivé sur une autre planete, à une autre époque On a bien ri hier soir car papa nous a fait une lecture à voix haute devant toute la famille On attends la suite comme pour les feuilletons

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