vendredi 22 juillet 2011

Aujourd'hui, en Inde, j'ai vu : (De nouvelles choses inedites!)

Voila le retour de la rubrique insolite!


Aujourd’hui en Inde j’ai vu :


  • Un groupe nombreux d’indiens entassé sur une couchette de train pour tous regarder vers le mur du compartiment ou l’un d’entre eux était en train de projeter un film. Pour vraiment apprécier, je pense qu’il faut connaître le film par cœur parce que sinon on ne reconnaît absolument rien des scènes et détails des images. Le son je n’en parle même pas. Je vous ai déjà dis que c’était bruyant l’Inde il me semble alors pou entendre le petit téléphone…

  • Une technique particulière pour éviter les moustiques en faisant de la moto : Porter de grandes lunettes de soleil. La nuit aussi d’ailleurs. Déjà que sans lunette on ne voit rien (les phares ne trouvent pas d’usage ici, et il n’y a pas d’éclairage public puisque l’électricité a encore sauté), mais là c’était comme faire le Space Mountain dans la nuit, la ceinture en moins quand même!

  • Une grande roue tourner à une vitesse folle. Même dans Roller Coaster Tycoon, le jeu où il faut gérer son parc d’attraction on ne peut pas la faire tourner aussi vite. La sensation doit être identique à celle d’une essoreuse à salade…

  • Le prix des parapluies augmenter en proportions démesurées en période de pluie de mousson. 15 minutes après, la météo tout comme le prix le prix reviennent à la normale.

  • Le vendeur de mon costume tout fraîchement acheté me proposer de régler par carte bleue (irréel pour une boutique, encore plus à Panipat), et sortir le terminal bancaire d’une boite à chaussure toute pourrie et toute pleine de poussière. Pour finaliser le paiement il a fallu aller chez le voisin pour trouver un branchement a la ligne téléphonique qui fonctionne!

  • Un bus archibondé à l’intérieur, deux fois plus que d’habitude car ceux qui usuellement montent sur le toit n’avait pas pu le faire car tout l’emplacement etait occupe par des milliers de jouets pour enfants : Ballons de foot, raquettes et battes de cricket en plastiques, vélos et autres.

  • Un passager de scooter assis confortablement derrière son chauffeur, deux  matelas king size sur la tête.

  • Un autre passager de scooter, assis confortablement derrière son chauffeur, une porte  maintenue dans le sens vertical calée entre eux deux.
  • Un casque de moto fendu, réparé au scotch de bureau.

  • La mention « Ne craint pas la mousson » sur un paquet de sel.

  • Une personne mettre du sel dans son coca, (quand je vous dis qu’ils mettent du sel et des épices partout!).

  • Un mec se curer les dents avec les clefs de son tuk-tuk.

  • Un autre mec se les laver, (les dents) avec un doigt.

  • Un groupe d’indien de tout age marcher dans la rue en tapant dans les mains. Ceux là je les ai souvent vu en rentrant du boulot, c’était l’heure du yoga!

  • Des chaussures dans leur boite ou pas, tomber du plafond d’un magasin pour arriver dans les mains (ou pas) du vendeur qui s’occupait de moi. Le danger peut arriver de tous les cotés, et en tout lieu en Inde, même quand on veut acheter des chaussures. J’ai quand même trouvé cela formidable, le gain de place est considérable dans la boutique.


  • Le périmètre de sécurité indien autour d’un camion ou d’une voiture en panne ou accidenté : quelques briques posées sur le sol a moins de deux mètres dudit véhicule. Et de temps en temps, des feuilles de bananiers accrochées sur le camion. Il faut avoir l’oeil et de bons réflexes quand on conduit en Inde!

  • Un PowerPoint sur la sécurité au travail et à la maison se terminant par une diapositive de remerciement avec en fond une coupe de champagne toute pétillante.

  • Mon gel douche de marque Vaseline (La filiale locale de Neutrogena), et mon système d’air conditionne de marque Napoléon et tout un tas d’autres noms qui me font poiler a chaque fois mais dont je n’arrive jamais à me souvenir après coup.

  • Un Indien démarrer son tracteur tout neuf à la manivelle. La clef de contact n’est pas encore arrivée chez Tata Tractors.

  • De nombreux tracteurs rouler sur deux roues sur l’autoroute ou dans les campagne car la remorque est beaucoup trop chargée et donc bien trop lourde. Pas de problème, ce sont les roues arrière les roues motrices! Ce sont de vrais bikers ces indiens!

  • Une boutique afficher la mention exclusive showroom sur sa devanture. Pratique quand on ne vend que des tiges en fer pour béton armé!

  • Une autre boutique dans une cabane toute pourrie afficher fully computerized garage des fois qu’il y ai de l’électronique dans les tuk-tuk!
  • J’ai vu et j’ai testé le massage de crâne indien : Après un mal de tête cela fait un bien fou parce que c’est composé de grande baffes, d’étirements de peau et de muscles en tout genre, de frictions très intenses, et encore d’autres grandes baffes. C’est très efficace, on ne sent plus la douleur dans le crâne. Par contre on a mal partout à la place. Il faut soigner le mal par le mal!

  • Et j’ai gardé le meilleur pour la fin :

  • Des indiens visiblement pressés de monter dans leur train :
  • Ils attendent tous au bord du quai, comme le train a un peu de retard ils commencent à s’impatienter (comme si ils avaient pas l’habitude) et dès qu’ils l’entendent arriver, et qu’ils peuvent voir de quel coté du quai il arrive, ils se précipitent tous pour aller à sa rencontre. Cela donne lieu à des scènes cocasses ou tout le monde pousse tout le monde, ou ce n’est pas grave de renverser le porteur avec ces trois valises énormes sur la tête, ou du bousculer la grand mère qui avait rien demandé à personne. Le truc c’est que comme le train n’est pas arrêté, les voila tous deux minutes plus tard en train de courir dans l’autre sens , à renverser la grand mère qui vient de se relever, et refaire tomber les huit valises que le porteur a sur la tête. Tout ça pour être au plus près de leur wagon quand le train va s’arrêter. Certains qui n’ont pas envie de courir s’agrippent déjà au train qui roule encore bien vite, un pied sur le marche pied, une main qui essaye d’ouvrir la porte du wagon fermée, tout le reste dans le vide. Du coup ils renversent tous ceux (et ils sont nombreux) qui attendaient sagement au bord du quai...
Le pire je crois c’est que ceux qui ne voulait pas attendre que la porte s’ouvre, essayent de passer par la fenetre... Un tres grand moment de n’importe quoi cette histoire!

lundi 4 juillet 2011

Epicétout!


Aujourd'hui, événement spécial sur Bonjour Turban !!


Parce que ce n'est pas tous les jours Independance Day (aucun rapport, fils unique) et bien, nous lançons un concours tout à fait sérieux :

Le premier ou la première qui arrivera à nommer l'ensemble des épices présents sur cette photo se verra récompensé(e) d'une surprise made in India

Celui qui en plus me donne les noms en Hindi aura toute ma reconnaissance et une plus grosse surprise made in India.
Pour ceux qui donnent au moins 10 ingrédients de ce cocktail radioactif, on peut envisager une dégustation histoire de raviver (ou atomiser) les papilles. Faudra voir à me laisser un délai le temps d'apprendre à les utiliser à la sauce locale!
Concours ouvert jusque fin Juillet.



Pour la petite histoire, je serais curieux de voir la tête du facteur français qui va devoir livrer ça chez moi étant donné que après 3 épaisseur d'emballages en plastique hermétiques, j'ai encore toutes les odeurs de la Ca.... non, j'ai failli le dire! Enfin cela sent très très fort!

vendredi 1 juillet 2011

Une nouvelle Tata


Hier était une journée un peu spéciale. Explications à suivre :

Tout à commencé comme n’importe qu’elle journée de boulot à Panipat, tout c’est déroulé comme n’importe qu’elle journée de boulot à Panipat et j’allais rentrer chez moi comme journée n’importe qu’elle journée de boulot à Panipat. La Tata Sumo, petit 4*4 trafiqué (authentique, ne pas rigoler s’il vous plait), qui fait le covoiturage des employés avait même déjà commencé le chemin du retour sauf que…

Sauf que après quatre minutes de route, on a vu arriver en face de nous, un véhicule qui a généré une excitation folle auprès de mes autres collègues covoiturés! Le chauffeur pile, celui dans la voiture d’en face fait de même, et tout le monde sort de la Tata Sumo pour aller voir l’autre voiture, une autre Tata bien sur, mais un mini van. Je me renseigne rapidement pour essayer de comprendre les raisons de cette frénésie soudaine : Il s’agit d’un nouveau véhicule de covoiturage qui va remplacer une des trois Tata Sumo. Tout le monde monte donc dans le mini van, s’installe confortablement, touche à tous les boutons, s’amuse avec les sièges inclinables. La totale, un peu comme les gamins à Noël! Tout le monde se marre bien quoi. Après ça, tout le monde embarque dans l’avion, et hop retour à l’usine!

J’ai donc eu le privilège d’assister à une bien étrange cérémonie : Le baptême de la nouvelle voiture. Et c’est un véritable cérémonial!

La voiture est tout à fait normale, neuve et donc comme 90% des voitures neuves en Inde, elle donne l’impression d’avoir déjà roulé plus de 2000 kilomètres. Il y a des rayures un peu partout sur la carrosserie, et l’intérieur est déjà un désert de poussière à lui tout seul. Heureusement les fauteuils sont intacts car emballés dans d’immenses bâches en plastiques, qui resteront d’ailleurs sur ledit fauteuil pour de nombreuses années!

Mais voici que la cérémonie commence, après plusieurs minutes de prières dans le petit temple de l’entreprise, le  chef de l’usine ainsi que le conducteur reviennent avec plusieurs objets pleins les mains. Le chef commence par mélanger de la poudre de couleur orange avec de l’eau. Un fois que le mélange est suffisamment coloré, il se déchausse et se dirige vers le capot de la voiture pour y dessiner un swastika. En France on parlerait plus facilement de croix gammée inversée, mais historiquement, c’est quand même le swastika qui a été repris pour des fins bien moins glorieuses que le rôle de protection qu’il occupe dans la  société hindoue. Le symbole est d’ailleurs archi présent partout dans la culture hindoue, et je le croise plusieurs fois dans mon quotidien. Cela fait toujours un peu étrange au regard d’un européen. Je me souviens encore mon premier jour ici, quand le chef de l’usine m’a accueilli dans son bureau, un énorme swastika derrière lui sur le mur!


 

Après le swastika sur le capot, c’est au tour du volant, du tableau de bord, des trois pédales puis des poignées de portières d’être honorées d’un point ou trait de couleur. Enfin, chaque fauteuil (ou plutôt la bâche en plastique qui le recouvre) est lui aussi marqué de la sorte afin de protéger tous les passagers. (Par effet retour de force, les prochains à s’assoire l’auront sur la chemise aussi tiens!)

Une fois cette première bénédiction achevée, on brûle de l’encens. D’abord en bâton, avec lequel l’un des employés fait le tour du véhicule, ensuite, on brûle des petits cônes d’encens. Chaque employé s’approche, « attrape » puis dirige la fumée d’encens vers soi pour y attirer je ne sais quel esprit Puis c’est au tour de la voiture elle-même de s’approprier l’encens. On pose donc les cônes enflammés par terre, puis on démarre la voiture pour rapprocher celle-ci de la fumée au plus près du moteur.

Après un autre baptême avec de l’eau cette fois-ci, la poudre colorée fait son retour, de couleur rouge cette fois-ci, et après en avoir apposé un point au milieu de la swastika, c’est au tour de chaque employé de recevoir sa tilak ou tika, ce point rond présent sur le front de nombreux hindous qui peut signifier entre autre bonheur et protection.


Et pour finir, comme tout événement ici, on a le droit à une party! Ne vous imaginez pas une super ambiance disco avec une boule à facette, et le dernier tube punjabi a la mode, non une party, c’est une distribution de sweets pour tout le monde. Les sweets cela ressemble à un mélange a base de lait mais ayant la texture de la pâte d’amande de chez nous. Les goûts sont en revanche bien plus originaux que pistache où fraise dentifrice! Les fruits, fruits secs et épices sont au rendez vous! Le tout recouvert d’une très fine feuille d’argent. C’est ma foi fort savoureux!

Et pour terminer le rituel, nous sommes rentrés chez nous à bord du nouveau mini van délaissant la pauvre Tata sumo! Il faut quand même reconnaître, que j’ai l’impression d’avoir voyage en avion tellement le mini van est confortable (compare au 4*4 trafique, tout reste dans un référentiel indien bien sur).

Finalement, quelle journée !! 

lundi 27 juin 2011

Encore une offre d'emploi en Inde!


Dans un précèdent billet, je vous avais partagé une offre de recrutement de l’Indian Bus World Company Pvt.Ltd.

Devant la recrudescence des candidatures, l’entreprise a décidé de rajouter quelques critères pouvant compter lors de la sélection finale des candidats :

Étant donné l’état des routes du pays qui sont de temps en temps parsemés de trous (On me signale dans l’oreillette à l’instant que ce sont plutôt les trous qui sont de temps en temps parsemés de route!), la colonne vertébrale de tout conducteur de bus digne de se nom se doit d’être bionique à défaut d’avoir des os en adamantium. Veuillez vous rapprocher d’Iron Man pour vous faire aider.
La conduite pendant 24h de suite ne devra pas nuire à votre rendement, et Red Bull étant un partenaire officieux, il vous faudra néanmoins distinguer la route de la rizière et pour se faire, puisqu’il y a de fortes probabilités que vos feux et phares ne fonctionnent pas, il vous faudra une vision nocturne. Terminator a développé un prototype qui nous semble des plus intéressant. Comme il ne se laisse cependant pas approcher très facilement, peut être que convaincre Daredevil de vous prêter ses pouvoirs de sensibilité extrême pourra suffire.
Enfin pour en finir avec ces nouvelles exigences, une passion pour le bricolage de fortune, pour les réparations à la Géo Trouvetout en dernière minute et surtout avec aucune matière première ni outils adéquats sera des plus apprécié. Nos bus étant d’une grande capacité en passagers certes, mais d’une faible qualité quand à leur fonctionnement. Nous évoquons d’ailleurs la possibilité d’une action en justice à l’encontre de Tata Bus à ce propos! Si, tel Anakin Skywalker vous avez déjà bricolé votre propre droïde de protocole, vous avez toutes vos chances auprès de notre entreprise!


Indian Bus World Company Pvt. Ltd.
Une entreprise du groupe Tata world
Siège social quelque part en Inde!
Second employeur du pays après Indian Rail World Company


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Et puis comme il parait que l’Inde est en train d’exploser tous les chiffres de la croissance, et bien nous aussi à Indian Bus World Company Pvt.Ltd. on veut faire bouger les choses : Voici pour vous prouver notre bonne foi une nouvelle offre d’emploi :

Comme il ni a pas de Tintin sans Milou, pas de Milan sans Remo, pas de Véronique sans Son, pas de Carlos sans Tana, cette fois ci, nous nous intéressons au fidèle acolyte du chauffeur de bus. Le Robin de Batman, le Hardy de Laurel, Le Chaplin de Charlie même, n’ayons pas peur des mots! Ce tandem là est réuni durant les longues heures du trajet, et sans ces deux zigotos, pas de voyages, pas de mal de dos, pas de frayeurs toutes les 28 secondes, et pas de souvenirs non plus il faut bien le reconnaître!

Je ne sais pas trop comment est désigné le couple, mais il change à chaque fois. Toujours est il que cette deuxième roue de l’autocar après le chauffeur (les deux autres ont été abandonnées dans un trou sur la route) est absolument indispensable :

Pour plus de clarifications, il sera dénommé en tant que préposé aux tickets dans les paragraphes suivants.

Le poste de préposé aux tickets requiert des compétences bien différentes de celles de chauffeur de bus. Il faut quand même partager le même environnement chaud, humide, poussiéreux et bruyant, la dessus rien n'a changé on parle d'un job en Inde après tout!
En revanche, si vous aimez les grands huit à sensations fortes, si il vous arrive de les parcourir sans la ceinture de sécurité parce que c'est plus fun lisez attentivement ce qui va suivre, vous y trouverez votre bonheur!
Le préposé aux tickets à de lourdes responsabilité, puisqu'en fonction de la destination du bus, de son humeur, et de la quantité de passagers qui le supplient, il décide des arrêts du bus entre le départ et le terminus. C'est donc à lui qu'il faut faire répéter 28 fois que l'on va bien s'arrêter là ou on veut. Des fois, pour gagner un peu de temps sur le trajet, ou parce qu'il à changé d'avis entre temps, le nombre d'arrêts varie entre le moment ou on achète le ticket, et le départ. C'est fort problématique, mais cela le devient encore plus quand le bus est déjà parti et que l'on apprends les modifications de trajets. Du coup il faut assumer toutes ces décisions, et ne pas se laisser démonter par les passagers qui râlent très fort.
Des compétences de négociations il vous en faudra aussi lorsque les gens viendront vous suppliez de s'arrêter au tout petit village qui est le leur. Il faut savoir être ferme et leur dire qu'ils n'auront qu'à marcher pendant 50 minutes plutôt que de faire perdre au bus toute sa moyenne, que le chauffeur (et les pneus qui n'ont pas encore crevés) ont réussi à tenir jusque là.
Comme vous êtes chargés du remplissage du bus, dès qu'un passager voudra descendre, il vous faudra veiller à son remplacement le plus rapidement possible. Pour cela, une voix à toute épreuve, capable de couvrir les bruits du périphérique de Delhi ou bien les mugissements du troupeau de vaches sacrées du village. sera exigée afin de rameuter la foule.

Une fois que toutes les places assises seront occupées dans le train de la mine le bus, se sera à vous de placer les autres, si vous savez résoudre un Rubik's cube rapidement, c'est très bien, sinon il faudra faire preuve d'imagination. Sachez que les personnes qui voyagent, du moment qu'elles arrivent là ou elles veulent, sont prêtes à beaucoup de sacrifices.
Une fois que tout le monde a embarqué, vous pouvez utiliser l'un de vos instruments de travail gracieusement prêté par Indian World Bus Company Pvt. Ltd. à savoir le magnifique sifflet multicolore. Muni de cet instrument au son strident bien différent de celui de la rue vous pourrez prévenir le chauffeur du départ imminent. Le sifflet pourra aussi servir à donner pleins d'ordre pratiques tels que la pause tchai, la pause remplissage de gourde dans le tonneau abandonné au bord de la route, la pause réparation du pneu, un arrêt pour prendre des passagers, en déposer ou balancer des colis.
Votre deuxième objet gracieusement prêté par Indian World Bus Company Pvt. Ltd. est une poinçonneuse. Enfin nous allons découvrir le cœur de votre métier : La vente de tickets de bus! Chaque état indien ayant ses méthodes propres, mais le job reste le même, il faut vendre des tickets, il faut faire du chiffre! Prenons l'exemple de Panipat et de l'Etat associé, à savoir l'Haryana. Dans l'Haryana pour chaque voyage on vous remet toute une quantité de ticket qui en standards français ressemblent fort à ceux que vous avez essayé de vendre un jour pour une tombola, une pesée de panier dans une kermesse d'école ou un bingo un après midi de pluie. On se remémore donc bien un morceau de papier toilette, un peu plus petit en dimensions, avec un numéro de série partagé entre ledit ticket et le talon. On rajoute un peu d'indications en hindi sur les tickets, et des numéros correspondants aux montant de chaque ticket. Chaque talon de tickets ayant un chiffrage différents ce qui permet par le biais d'astucieuses additions de proposer tous les prix possibles parfaitement adaptés à chaque destinations possibles.
Il vous faut une bonne règle de calcul, un peu de patience, car quand même c'est long de poinçonner un à un les 10 tickets qui vous permettent de facturer les 19 roupies du trajets (On est très stricts sur la qualité du poinçon à Indian World Bus Company Pvt. Ltd.).

Enfin, n'oubliez pas qu'en Inde, le sport national c'est de ne pas avoir de monnaie, et qu'il vous faudra batailler ferme auprès de chacun des 111 passagers du bus pour obtenir un appoint de la part de tous le monde.

Si vous pensez avoir l'étoffe du préposé aux tickets, n'hésitez pas à contacter notre service RH (tiens, on a un service Rh maintenant nous ??)

Indian Bus World Company Pvt. Ltd.
Une entreprise du groupe Tata world
Siège social quelque part en Inde!
Second employeur du pays après Indian Rail World Company

A nous de vous faire préférer le train indien...

 Suite des milles et une nuits ici :

C'est parti, mais pour une raison inconnue, au bout d'environ quatorze mètres, le train s'arrête de nouveau. Cela fait la joie des retardataires qui traversent les voies n'importe comment et se battent pour monter dans le train. Mais pour ceux qui sont dans le train, c'est le début d'un suspense qui peut se révéler long. Comme le train ne roule pas, la clim ne fonctionne pas dans les wagons équipés, et il fait également plus chaud dans les autres wagons car le train ne roule pas. Les enfants s'impatientent, et les indiens n'aimant pas rester inactifs décident de faire les 400 pas dans le minuscule couloir du wagon qui du coup se transforme en file d'attente un matin d'ouverture des soldes. Comme personne ne sait pourquoi le train est arrêté, et surtout pour combien de temps, peu de monde ose sortir de peur de rater le train. Comme le train démarre très lentement, dans un autre pays que l'Inde, je n'hésiterais pas à marcher un peu dehors, et à aller chercher à boire près des fontaines d'eau potable qui fournissent une eau étonnamment fraîche quand il fait 45 degrés dehors. Mais comme on est en Inde, le temps que tous les passagers dehors remontent dans le train lorsque celui-ci démarre est très important. Déjà parce que les wagons ont une grande capacité de passagers (encore plus avec les squatteurs!) et juste deux toutes petites portes, mais aussi parce que dès que le train va redémarrer, tout le monde va se précipiter pour rentrer dans le wagon, comme si le rideau de la FNAC des Champs-Elysées venait de s'ouvrir à minuit pile pour le dernier Harry Potter! Du coup je joue la sécurité, transpire deux litres d’eau de plus et je prends mon mal en patience, mais à force on s'habitue!

   Une fois que le train a redémarré, un étrange ballet se met en place. En plus des retardataires bloqués avec leur valise trop grosse, en plus des squatteurs qui cherchent un bout de banquette ou s'asseoir, en plus des gamins qui courent partout, voici les vendeurs, colporteurs et hommes distributeurs de boissons. Pour ceux qui ont faim en voici qui arrivent avec des cartons pleins de crème glacées (plus crèmes que glacées d'ailleurs), d'autres avancent avec des grands seaux pleins d'un mélange pois chiches, piment rouge et poivrons verts qui à l'air très explosif. Des omelettes, samossas, et sandwich maison au fromage maison sont disponibles. Il y a aussi le marchand de chips et cacahouètes qui piquent très fort.
Pour ceux qui ont soif, le traditionnel Tchaï est disponible bien sur, et des porteurs d'eau, de sodas frais ou de jus de mangues. Ensuite, il y a les vendeurs de chaînes et cadenas pour attacher les valises, les vendeurs de cartes à jouer, les vendeurs de revues d'il y a deux trois mois, les vendeurs de porte-clefs, de bracelets et de pendentifs très kitch. Bref, vous l'aurez compris, il y a beaucoup de vendeurs! Egalement parmi le défilé, des gamins ou des paraplégiques qui avec un papier journal nettoient le sol avec un vieux chiffon ou un papier journal et mendient. Il y a aussi d'autres profils de mendiants tels que la mère avec son bébé de deux jours dans les bras, ou le sadhu, un homme sage et saint avec une grande barbe et juste un morceau de tissu et un bâton pour seuls biens matériels. Parce que c'est ça aussi l'Inde.



Une fois que le défilé c'est un peu calmé, il est temps de faire connaissance avec ceux qui vont partager mon trajet pendant de longues heures. Qu'ils soient en famille, voyageant seul ou en groupe, ces compagnons de voyages portent d'abord sur moi ce même regard, mélange de curiosité débordante et de timidité. Un peu comme dans la salle d'attente quelques minutes plus tôt.
Allez hop, comme toujours, je lance un petit "ou allez vous?" Il faut parfois répéter plusieurs fois, mais le fait de parler a un effet étonnamment attirant et tout de suite, l’ensemble du compartiment, plus ceux qui défilent me fixent et dans le lot il y en a au moins un qui comprend ce que je demande. Dès qu’ils s’aperçoivent que je sais parler, que je parle anglais, et que je peux les comprendre alors c’est l’avalanche de questions. Voici les réponses, dans l’ordre : « Oui, je suis français ; Non je ne suis pas marié ; oui c’est vrai après tout j’ai 22ans donc j’ai encore un peu de temps (mais pas trop non plus) ; Et non pas d’enfants non plus (ce qui rassure tout le monde) ; Mon prénom, c’est Frédéric, non pas Patrick, non pas Fédrickkk, bon aujourd’hui tu peux m'appeler Jack d'accord? (Il va falloir que je me souviennes comment je leur ai dis que je m’appelais maintenant !) Oui c’est ma première fois (en Inde) ; Oui j’aime bien l’Inde ; Alors j’ai un frère et une sœur, et un papa et une maman ».
Et ainsi de suite… Au cours de la discussion, généralement je vais sortir plusieurs fois des mots en Hindi très courants et très populaires, que j’utilise tous les jours au bureau. Et là du coup c’est comme si je venais de leur dire que en fait j’étais un enfant caché de Hanuman (un dieu très populaire). "You know Hindi ?" "Nahi, nahi, tora tora hindi " "Non, non je ne connais qu’un tout petit peu d’hindi ". Si les yeux pouvaient faire trois fois le tour de la comète Armageddon et revenir dans le orbites ils l’auraient fait! Et hop, nouvelle avalanche de questions : « J’ai appris l’hindi en Inde; je vis en Inde; je travaille en Inde;  A Panipat, Haryana; Je suis ingénieur »…
Je suis devenu en environ 15 minutes le pote de tout le compartiment ou presque. D’ailleurs la notion d’amitié est drôlement différente dans ce pays. Tout le monde veut une photo de moi sur son téléphone. Et au moins la moitié d’entre eux possèdent désormais mon numéro de téléphone local. D’où théorème : Chaque voyage en train apporte son lot de spams!
En revanche toutes ces discussions permettent de faire passer un peu le temps. Elles ont un autre intérêt caché, trouver quelqu'un qui s’arrête à la même station que moi, ou qui ne dormira pas au moment où il faudra que je descende du train. Vous verrez un peu plus loin, que là aussi c’est une aventure!
Comme tout ceci m’a épuisé, je décide de me reposer un peu. Pour cela il y a des solution, le siège fort peu confortable crée par la couchette inférieur et celle du milieu qui est abaissée en journée, ou alors monter dans la couchette supérieure  pour s’allonger.
Je vous ai présenté les choix cornéliens à faire pour avoir un ticket de train, mais je ne vous ai pas parlé du choix des couchettes! C’est pourtant l’une des décisions qui va influencer le ressenti du week-end de manière très prépondérante. Les exemples qui vont suivre le démontre. 
Il y a différents types de couchettes, pour un total de 6 par compartiments, et deux dans le couloir juste en face. En fait le couloir fait 40 cm de large mais je n’ai pas trouvé d’autre mot pour désigner un tout petit couloir très encombré. Et puis le compartiment c’est un bien grand mot puisque rien n’est fermé. C’est plutôt une grande cage à lapin, enfin une cage à poulet puisque qu’on est en Inde! J’ai mis un peu de temps avant de trouver l’emplacement idéal de la couchette qu’il me fallait. Et mes premiers tâtonnements ont été calamiteux! La première fois je me suis retrouvé avec une couchette dans le couloir, la couchette inférieure qui plus est. Le pire c’est que je l’avais choisi de mon plein grès en me disant que je pourrais profiter de la vue par la fenêtre (en train de nuit, cherchez l’erreur…). Je commençais à angoisser quand le petit vieux monsieur qui devait occuper la couchette du haut m’a proposé d’inverser pour pas qu’il ne risque son col du fémur à escalader les couchettes. Du coup je suis passé en haut, et cette première expérience c’est finalement bien conclue. Au retour deux jours après en revanche c’est une autre histoire. Comme j’avais réservé les deux tickets en même temps, je me retrouve encore avec une couchette inférieure dans le couloir, à coté de la porte du wagon qui plus est. Donc à coté du premier point d’accès des squatteurs! Et là j’ai pas réussi à changer d’étage. En plus il a commencé à faire très chaud, et comme on est en Inde, des camions à benne de poussières se sont déversés sur le train. Je m’allonge donc sur la couchette, pour me rendre compte qu'il manque environ 40 cm de longueur pour que je puisse m’étendre de tout mon long. Sur un trajet de 12h, c’est long et c’est emmerdant quand même. J’essaye tant bien que mal de m’endormir, je vide la batterie de mon téléphone et écoutant de la musique pour contrer les sons en provenance du wagon (peine perdue), je ferme les yeux très forts pour ne pas être dérangé par le stroboscope qui de temps en temps sert de lumière pour le wagon (deuxième peine perdue). Finalement après de nombreuses heures de somnolences, je m’endors, pour être réveillé par un mec qui a repéré environ 28 cm² de surface non utilisés en bord de ma couchette pour essayer de s’asseoir. Comme c’est dur de trouver une position confortable je ne peux plus bouger comme je veux, et suis coincé. Finalement, il a dû trouver une surface un peu plus grande, et une victime un peu moins encombrante, ou plus endormie parce qu’au bout de deux heures il est parti. Merci pour ces deux heures de non sommeil gratuites quand même! 


Bref, cette mauvaise expérience m’a au moins servi de leçon, et je sais que désormais je ne veux plus que des couchettes supérieures, et dans le compartiment! Comme elles sont bien hautes, les gens ne montent pas dedans pour squatter, comme le compartiment n’est fermé, mes pieds peuvent dépasser dans le couloir en toute liberté (enfin je risque quand même de me faire réveiller à chaque fois qu’un mec passe avec sa bouilloire de tchai ou ses valises sur la tête, mais je prend le risque). L’autre énorme avantage, c’est que la couchette supérieure est toujours accessible donc je peux y passer le temps que j’y veux et je ne suis pas dépendant de mes voisins de cellule. En effet, en position journée, la couchette du milieu est relevée, ce qui permet à tout le compartiments, et plus si affinités de se servir de la couchette du bas comme siège. Donc quand on a une de ces deux couchettes, il faut s’entendre sur les horaires lorsqu’on veut plier ou déplier les couchettes pour dormir. Et comme les indiens dînent et donc se couchent tard, et qu’ils se lèvent très tôt…
La couchette de haut représente donc un îlot de tranquillité dans ce monde de bruits et de poussières. Mais, cela est trop beau pour être vrai, il y a bien entendu des inconvénients à être perché la haut : Le principal est que la couchette est tellement haute dans le wagon qu'elle est située au dessus des hélicoptères qui servent de ventilateurs (ou l'inverse, je ne suis pas trop sur). Donc, pas de ventilateur, une chaleur un peu plus étouffante qu'ailleurs dans le wagon, parce qu'on est situé tout près du toit qui chauffe à mort. Pas vraiment d'air frais non plus qui entre car les fenêtres sont situées tout en bas du wagon. Il faut s'habituer et apprendre à ne pas s'inquiéter quand on transpire 8 litres d'eau par tranche de 12h. D'ailleurs, ceci nous conduit tout droit vers le deuxième inconvénient majeur : D'en haut, on ne sait absolument pas ou est le train, impossible de voir par la fenêtre le non de la gare écrit en hindi, des fois en anglais. Donc il faut être sur de soi.
Pour éviter de se retrouver 300km plus loin que prévu, le mieux c'est de choisir un train dont le terminus est la ou l'on veut aller. Dans ce cas là, si je reste endormi, il y a un employé de la compagnie de train qui viendra me réveiller. Si en revanche mon arrêt n'est pas le terminus, il faut essayer de ruser. Soit en discutant avec les voisins de couchette avant de s'endormir pour en trouver un capable de me réveiller au bon arrêt. Sinon, il faut connaitre l'heure d'arrivée supposée dans la gare en question. Le problème, c'est que les trains indiens ne sont pas toujours ponctuels. Et que se réveiller à 4h du matin, pour se rendre compte que le train à deux heures de retard ce n'est pas cool. Surtout que ce n'est pas parce que le train part d'une gare avec deux heures de retard qu'il arrivera avec le même retard à la suivante. J'ai déjà vu un train refaire tout son retard de deux heures. Dur de savoir quand se réveiller à se moment là.

Bon admettons, vous voilà arrivé dans la gare de destination ! Ce n'est pas pour autant qu'il faut vous accorder un moment de répit, il faudra souffler un peu plus tard. En effet, pour le moment, une foule assez conséquente de personne se dirige vers vous en hurlant taxi, rickshaw, good guest house, good taxi, cheap rickshaw, where you go? et ainsi de suite... Surtout ne pas s'arrêter de marcher vers ce qui semble être la sortie de la gare. Au bout d'un moment, une petite partie d'entre eux a  lâché l'affaire pour se diriger vers le touriste  coréen ou chinois qui arrive lui aussi. C'est le bon moment pour dire que je vais me rendre à cet endroit là. (En hindi s'il vous plait!). La règle numéro un est de ne jamais donner de nom de guest house ou d'hôtel, mais plutôt de donne le nom d'un monument proche. Cela évite de tomber sur l'une des huit guesthouse de la ville qui porte le même nom que celle référencée dans le guide, mais dans celle ci le chauffeur touchera une commission. Une fois qu'ils savent tous ou je veux aller, et qu'il me propose des prix pour lesquels je pourrais me payer une suite dans un palais de maharaja il faut négocier et faire tomber les prix. Là aussi, savoir compter en hindi aide à accélérer les choses pour arriver à des prestations tout à fait honnêtes.
Une fois arrivé dans le bon quartier, la visite des guesthouse commence. Qu'il soit 5h du matin ou midi, pas de soucis pour prendre une chambre, et ça, c'est plutôt formidable. En une fois encore, il va falloir repérer les petits défauts de la chambre, bluffer un peu, discuter encore et finalement tomber d'accord sur un prix qui me plait. Une fois que c'est fait, une bonne petite douche, et le week-end peut vraiment commencer!

Oui mais quand le week-end est fini? Le même cirque en sens inverse, auquel vient s'ajouter le petit suspense du lundi matin : Vais arriver suffisamment de bonne heure à la gare de Delhi pour pouvoir traverser toute la ville au petit jour avec un chauffeur de rickshaw pas bien plus réveillé que moi, puis trouver un bus qui parte dans un délai raisonnable, et mette moins de deux heures pour rallier Panipat et arriver avant que le covoiturage de l'entreprise ne passe me chercher. Et oui, cela en fait un gros suspense pour commencer la semaine!
Autant dire que le Lundi soir je dors bien en général!

jeudi 16 juin 2011

Les Milles et Unes Nuits (ou presque) que j'ai passé dans les trains indiens:



Bon évidemment, le compte actuel et réel n'est pas 1001, mais on va faire tout comme. Il n’y avait pas d'histoires magiques avec une vingtaine de nuits. Et puis ce n'est pas pour dire, mais une nuit dans un train indien, pour tout ce qu'elle apporte en émotions, rencontres, poussière et fatigue en vaut bien 1001 dans le RER parisien ou le TER entre Castres et Aurillac!
Dans ce qui suit, on va revivre une de ces nuits là ensemble!


Tout commence par la gare bien sur.

En fait non, pour aller à la gare, il faut d'abord avoir des tickets de trains! Et pour obtenir ces tickets, il y a deux méthodes: La première consiste à s'inscrire sur le site web de la compagnie nationale des chemins de fers indiens. Je ne le répète jamais assez, mais il y a beaucoup de monde en Inde, donc tout apparaît en proportions gigantesques dès lors que l'on regarde les chiffres. Le site web des réservations de trains enregistre plusieurs dizaines de millions de transactions chaque jour. Du coup, pour accéder au serveur archi saturé, il faut s'armer (encore plus que de coutume) de patience! Une autre solution pour réserver est aussi d'aller directement le faire à la gare, mais là quand on dispose d'un accès internet il faut être maso pour vouloir aller réserver à la gare. Là bas, foule ne fait pas la queue et chacun essaye d'accéder au seul guichet ouvert en hurlant, en montrant des liasses de roupies et tout le monde pousse tout le monde. D’ailleurs le guichetier hurle lui aussi, fait voler des papiers dans tous les sens et ne redevient calme que pour boire son thé ! Il y a plus d'organisation dans une mêlée de championnat de rugby huitième division que autour de ce guichet!

Bon admettons, vous avez réussi à vous connecter au site web, vous avez trouvé Le train qui vous emmène là ou vous voulez, avec des horaires d'arrivée qui ne tombent pas au milieu de la nuit quand plus personne n'est dehors. Et bien avant de payer le ticket, il faut encore comprendre le système des classes dans les trains. Bien sur, on pourrait se dire que la classe la moins chère est la plus pourrie, ce qui est bien vrai soit dit en passant. Mais des fois, une classe au dessus ne garanti pas non plus une amélioration des standards. Après tout, puisque je prends en majorité des trains de nuits, tant que j'ai une couchette, je peux dormir ou pas! Bref, l’histoire des classes c’est une sacrée histoire, et un compromis pas toujours facile à choisir. Du coup pour faire vite, dans l'ordre croissant des classes (de la plus pourrie, à la un peu moins pourrie) cela va de Sleeper Class, puis 3AC, 2AC, 1AC.

Bon admettons, vous avez choisi le bon ticket, le bon jour, la bonne destination, les bons horaires, et tout semble parfait pour un week-end bien mérité! Dans mon cas, comme je viens de Panipat qui est entre 1h30 et 4h de bus de Delhi, je peux rajouter un petit suspense du genre "Vais-je rater mon train à cause de cette traversée du passage à niveau?" Et bien ce n'est pas parce que  toutes ces conditions sont réunies que vous aurez le droit de monter dans le train! Votre billet à un statut qui lui est propre et qui peut évoluer! Si il est confirmé, pas de panique, votre présence dans le train est tout à fait légale, vous avez un numéro de couchette réservée, et vous pouvez commencer à négocier avec les squatteurs qui sévissent partout en Inde et donc dans le train aussi pour qu’ils vous rendent votre couchette.
Si vous avez un ticket en liste d'attente, il faut attendre que les places se libèrent pour espérer voir évoluer votre statut. Si vous avez de la chance, il y a 50 défections devant vous (comme les trains sont très longs cela ne représente qu'un petit pourcentage) et vous obtenez un ticket RAC. Invention complètement indienne, le RAC vous donne le droit de monter dans le train, mais pas de couchette prédéfinie. Un peu embêtant pour les trains de nuits qui durent plus de 12h en moyenne! En gros vous venez d’obtenir un statut de squatteur, mais en toute légalité! Cela doit faire de l'IRCTC la compagnie numéro un mondiale de l'overbooking. Mais ce n’est pas forcement facile à vivre dans le train !
C'est dommage d'apprendre que vous avez réussi à passer à temps le passage à niveau pour finalement ne pas monter dans le train, ou pire, montrer et ne pas avoir de couchette!
Mais c'est comme ça en Inde! Admettons donc que vous avez un ticket vous autorisant à monter dans le train, vous pouvez donc rejoindre la gare. En métro si vous n'êtes pas claustrophobe ou agoraphobe, en touk-touk si vous aimez le Space Mountain et les rollers-coasters et les sensations fortes.

Bienvenue à la gare !
La gare indienne est un très bon condensé de la vie ici. Les gens très riches croisent ou évitent les gens très pauvres, le personnel de la gare est un peu désorienté et toujours dépassé, des mecs se baladent en essayant de vendre un peu de tout et beaucoup de n'importe quoi, des gens mendient, d'autres veulent vous cirer les tongs, il y a des enfants partout, des gens qui dorment dans toutes les positions les plus inconfortables possibles (et surtout en plein milieu de la foule, allongé par terre, pas de soucis), un touriste coréen ou chinois est complètement perdu au milieu de tout ça.
Des porteurs sont plus chargés qu'un trolley d'aéroport, des singes essayent de voler la bouffe des gens qui ne dorment pas ou ne font pas la queue pour réserver un ticket. Et des vaches se baladent, soit sur les quais, soit sur les rails sans que cela ne choque personne d'autre que moi (le touriste coréen est trop occupé à déchiffrer les inscriptions en hindi et à les traduire dans son dictionnaire de poche. D'ailleurs, pourquoi il ne demande pas à quelqu'un plutôt ce con?!). Comme partout ailleurs dans le pays, mais plus encore dans les gares, tout est très sale, plein de détritus partout et les odeurs sont très présentes en force elles aussi et là, il ne s’agit pas d’épices.
Si par chance vous avez un peu d'avance et de temps à perdre avant votre train, vous pouvez aller faire un tour dans les retirement room. Comme leur nom l’indique, ce sont de grands espaces ou on peut se reposer, éventuellement faire un brin de toilette avant le départ du train. Vous entrez donc dans la pièce, un premier regard vous informe qu’il y a beaucoup de  monde, vos oreilles se mettent à siffler tellement d’enfants crient, courent et hurlent partout. Le deuxième regard s’interroge sur le fait que les tables, chaises et fauteuils ont été poussés dans un coin pour permettre aux familles d’étendre leurs grands draps et couvertures afin de faire la sieste ou prendre le thé. Et puis tout d’un coup vous vous rendez compte que toutes les conversations se sont arrêtées, et que tous les regards se dirigent vers la porte d’entrée. Devant les yeux interloqués de toutes ces personnes qui vous font face vous vous retournez très lentement, il semblerait que quelque chose de vraiment inhabituel, voire de vraiment surnaturel vient de se produire. Tel un ralenti bollywoodien vous achevez le demi tour sur vous-même pour vous retrouver face à… rien du tout. En fait c’est vous-même que tout le monde regardait, et aussi étrange que cela puisse paraître, dans beaucoup d’endroits en Inde, la vue d’un étranger provoque des réactions très surprenantes. Entre timidité, fierté, incompréhension… En tout cas cela ne laisse pas indifférent, alors quand l’un d’entre eux débarque dans un endroit aussi indien que la retirement room, cela choque !
Mise à part pour cette impression de popularité extrême, il vaut mieux ne pas s’attarder dans la retirement room. C’est très sale, très bruyant et oubliez le brin de toilette car les parties communes mériteraient un très gros lavage avant que vous puissiez y faire le votre.
Dans les plus grandes gares il existe une solution de repli qui est la cafétéria de la gare. Un univers bruyant, surpeuplé ou désert suivant les heures (pas de demie mesure ici), mais au moins il y a un semblant de clim et des fois on peut même trouver des glaces pour faire tomber un peu la température intérieure.

Bon, assez attendu désormais, il est temps de monter dans le train!
                Donc on regarde son ticket, dessus il y a le numéro du wagon, et même le numéro de la couchette! Fantastique! Il arrive cependant des fois que le numéro ne soit pas disponible lors de la confirmation du ticket. La brillante administration des gare indienne a donc décidé pour renseigner le demi millier de passagers du train d'afficher les wagons et numéros de couchette de chacun sur des grandes listes en papier à réglette. Et d'accrocher tout ça sur un petit panneau un liège, planqué quelque part dans la gare. Comme on est en Inde, personne n'est vraiment discipliné pour regarder sur les listes, donc en moins de deux minutes les morceaux de papiers volent littéralement dans tous les sens, et il vaut mieux être sur de son coup. Bien sur, il ne faut pas chercher la logique dans l'ordre de rangement des wagons, et les numéros sont placés de manière plus aléatoire que sur un rubik's cube. Il m'est arrivé plusieurs fois de parcourir les 500m de longueur du train et de devoir rebrousser chemin parce que ce con de wagon est à l'autre bout du train! Pour plus de sécurité, les listes correspondantes aux wagons sont également collées devant la porte d'entrée de ceux-ci. Je me suis toujours demandé comment font les passagers qui montent dans le train à la gare suivante. Les pauvres feuilles en papier ne résistent pas vraiment au trajet.

                Tac-tac, voici enfin mon wagon! Je monte dedans, esquive les gens qui circulent partout et me dirige vers la bonne banquette. J'ai la chance de n'avoir qu'un tout petit sac pour voyager lors de mes week-ends, ce qui me permet de toujours trouver de la place pour le ranger. Les familles indiennes donnent l'impression d'emmener la totalité de leurs armoires et se retrouvent avec des colis, sacs et gros paquets qui ont bien du mal à passer dans les portes, et c'est encore pire pour trouver de la place dans les compartiments!
Allez, tout le monde s'emballe, courre partout, les familles commence à se dire au revoir (les au revoir indiens sont très longs), les coolies chargent les derniers bagages énormes, les squatteurs choisissent un wagon cible et c'est parti!
La suite dans le prochain billet!

dimanche 12 juin 2011

Aujourd’hui en Inde, j’ai entendu



Parce que dans ce pays, tous les sens travaillent et sont en suractivité : On en prend plein les yeux, les oreilles, le nez et le palais. Bon ok, pour le toucher je n’ai pas encore suffisamment d’anecdotes pour rédiger quelque chose de consistant. On verra par la suite.

Si on se focalise sur l’oreille, ici elle travaille de plusieurs manières. J’ai déjà parlé du bruit infernal de la rue indienne, de ces klaxons incessant, moteurs à deux temps d’une autre époque que l’on a envie d’abattre pour alléger leur souffrances et chiens errants qui se battent et hurlent à tout va (comme ils sont très nombreux ces chiens errants, ils font au moins autant de bruit en cumulé que les tuk-tuk!).
La deuxième source sonore (ou source de bruit plutôt) que j’affronte au quotidien, ce sont les discussions passionnées entre indiens. Que cela soit lors de la conduite de voiture, charrette, vélo, pousse-pousse, rickshaw ou à pied : Dans la rue, les indiens s’expriment et ne se laissent pas marcher ou rouler dessus sans le faire savoir! (Pas comme les chiens errants). Au bureau aussi, les sons sont nombreux et forts : Comme il faut négocier en permanence (même quand tout le monde est d’accord), il faut convaincre, et pour convaincre, il faut élever la voix!
Donc l’open-space dans les bureaux en Inde, c’est une expérience!

Après ces éléments sonores récurrents, les discussions anodines que j’ai pu avoir avec des collègues ou d’autres personnes rencontrées dans le pays sont parfois l’occasion d’entendre quelques perles. Encore une fois, ceci ne représente pas forcement la réalité vraie pour tous et ne fait pas matière de référence pour tout le pays, mais c’est une partie de mon quotidien qui révèle son lot de surprises et qui souligne bien le fait que je n’appartiens pas forcement au même univers que ces autochtones!


Plusieurs extraits de conversation ayant la musique pour principal thème :

- Un Indien : Oui, oui j’écoute beaucoup de musique anglaise, pas que de la musique indienne.
- Fred : Et quoi comme musique anglaise alors?
- Un Indien : Britney Spears, Akon, tu aimes bien toi?
- Fred : Désolé.
(La cote de popularité de ces deux artistes est étonnamment haute en Inde, et je n’arrive pas trouver une explication rationnelle à cela)

- Plusieurs Indiens : C’est qui les Beatles?

- Un Indien (incrédule) : Ah bon, Mickael Jackson était chanteur?!! Je pensais qu’il ne faisait que danser.

- Un Indien (choqué) : Comment ça, tu ne connais pas la durée de ton hymne national??!
- Fred : Bin non, cela dépend des interprétations, des versions et tout.
- Un Indien (de plus en plus scandalisé) : Mais c’est impossible, ici l’hymne national Indien il dure exactement  52 secondes!

- Un Indien : Tu connais Lindsay Lohan, l’actrice mexicaine?
- Fred (sceptique) : Il y aurait deux Lindsay Lohan actrices alors, mais j’ai un petit doute parce que cela fait pas trop mexicain comme nom tout ça.

-  Trop d’Indiens : Ah bon, tu as 22 ans? Parce que tu n’as pas de moustaches. Ici à partir de 16 ans on a une moustache.
Fred : Bin désolé les mecs!

Une fois j’ai voulu savoir si les jeunes enfants (que l’on voit partout dehors dès qu’ils savent marcher, et des fois même avant) faisaient la sieste de temps en temps. On m’a jeté un regard comme si je venais de sortir le truc le plus improbable qu’ils aient entendu dans leur vie. La sieste, ici c’est que à partir d’un certain age, certainement pas pour les petits en tout cas!


Un Indien (Polyglotte) : Tu es Français?
Fred : Han Han Han (Cette onomatopée ressemble au bruit de l’âne qui brait, mais veut également dire oui en Hindi)
Le même Indien : Comment tu vas? (En Français dans le texte!)
Fred :
L’Indien : Oui, je parle 14 langues différentes en plus de 6 langues indiennes.
Fred : … …
Après sommaires vérifications et dialogues dans plusieurs langues, cela s’est avéré vrai. Le métro de Delhi est donc plein de surprises!  

- Un Indien très à cheval sur l’hygiène du restaurant, [ou pas]) : In my restaurant : Happy stomach food my frriend!!

- Un Indien (qui ne doit pas aimer les mangues) : Il ne faut pas manger de mangue après une omelette. Ce n’est pas bon du tout pour la santé.
Fred (pas convaincu): Mwouais…

- Un Indien (qui n’est pas dentiste) : Si tu as les dents jaunes, c’est parce que tu manges trop de viande.
- Fred : C’est plutôt parce que je viens de manger un plat un peu chargé en safran petit scarabé!

Un peu de sagesse indienne maintenant :

- Un Indien (philosophe) : Dieu a créé l’homme bon, mais il l’a doté d’un estomac trop extensible. Du coup, il ne pense donc qu’à le remplir et deviens mauvais à cause de ça.
Fred : Amen!

- Un Indien du désert : Je ne crois plus aux voeux des étoiles filantes.
- Fred : C'est peu être aussi parce que tu passe ta vie dans le désert et que tu vois des étoiles filantes tous les soirs gros malin!



lundi 30 mai 2011

La SIEP (Société Indienne d’Élevage de Poulet) vous présente sa leçon culinaire du jour.


Quand j’ai dit que je partais en Inde, j’ai eu le droit à des centaines de fois la réflexion : «  Tu vas en bouffer du poulet au curry mon coco! » (Bon OK, tout le monde n’a peut être pas ajouté le coco à la fin de la phrase, mais l’idée reste la même.

Moi le premier je me suis dis que j’allais manger à tous mes repas du poulet, du riz bien jaune et le tout qui sent bon et qui pique fort. Tout n’est pas tout à fait exact dans l’affirmation précédente.
Voici un petit exposé sur le gallinacé déplumé, cuisiné et son accompagnement.

Première chose essentielle : Curry ne veut rien dire ici, en fait cela veut juste dire sauce. Ce qui nous est vendu en Europe sous ce nom n’existe pas ici, il s’agit d’un mélange d’épices prédéfini, et je n’ai pas encore eu l’équivalent servi ici. Donc le poulet au curry, il suffit de dire poulet cela revient au même, puisque les épices sont omniprésentes dans la culture culinaire indienne. Ils en mettent jusque dans le thé et le café! Un thé au safran ou au cumin, cela surprend la première fois. Mais il faut reconnaître que quand c’est bon, c’est bon. Par contre, quand ce n’est pas bon cela à un goût de bouillon cube Maggi…
Je ne suis malheureusement pas capable de différencier et nommer toutes les sortes d’épices que je mange (ou que je bois du coup), mais c’est souvent un feu d’artifice gustatif. Le principal problème, c’est que la plupart du temps il y a tellement d’épices qu’il est impossible de sentir le goût initial du produit. Une simple tomate se transforme en base d’épices en tous genre, mais perd son goût de tomate. Enfin c’est mon avis avec mon palais d’occidental. Peut être que les indiens ressentent les choses différemment après tout.

Avec un peu d’expérience, et les mauvaises surprises aidant, j’ai réussi à faire le tri dans les plats, et à apprendre quels étaient les plats les moins épicés. Ce qui n’est pas épicé pour les Indiens brûle déjà la bouche des Occidentaux. Des fois, je me demande ce que serais un plat d’inde du Sud qui parait il arrache bien plus, ou encore un plats coréen qui fait pleurer tous les indiens tellement ça pique.

L’un des tous premiers mots que j’ai appris en Hindi, c’est  massala. Ça veut dire épicé, donc à bannir lors du choix d’un plat. Les chips les plus populaires du pays sont au parfum « Indian Magic Massala », j’ai fait l’erreur de suivre l’avis de mes collègues qui m’ont tous affirmé que cela ne piquait pas et que c’était les meilleurs chips de la planète. Et bien je pas senti le goût du chips! Cela croustille, pas de problèmes, mais alors après c’est l’explosion en bouche, la torture de papilles, la fusion nucléaire même pour être démago! Et un simple chips suffit à brûler le palais pour les 10 prochaines minutes. À partir de la dizaine de chips, l’eau ne suffit plus pour calmer tout ça.  
Pour ceux qui grignotent trop, c’est certainement radical!
Voila pour la question du curry, épices et tout comme dirait l’autre.

Pour ce qui est du poulet voici d’autres révélations :
L’Inde étant un pays multiculturel, de nombreuses traditions sont respectées et plus ou moins partagées entres les différentes ethnies ou religions. La vache et le bœuf sont bien sur absents de toute assiette pour les personnes de confessions hindoue. Le porc n’est consommé par personne, et le buffles ne sont là que pour leur lait. Il ne reste donc que les poulets pour la consommation de viande. Ici pas de canard (déception), et personne ne mange de chiens (qui pourtant sont très nombreux, et très errants dans ce pays!). Dans certaines régions, le poisson est consommé, mais Panipat étant un peu loin de la mer, il ne m’est pas possible (et si c’était possible je n’aurais pas envie de tester!) d’en manger.
La légende urbaine prétendant que l’Inde est le pays du poulet au curry est donc vraie dans le sens où la seule viande disponible dans le pays est le poulet. Il y a bien aussi un peu de chèvre ou de mouton, mais il faut chercher la viande entre les os, et elle a un fort goût de vieille chèvre!
Du coup, ma consommation de poulet est assez réduite : Dans le meilleur des cas une fois par semaine peut être. Pas davantage.
Il y a deux raisons à cela. La première est que les poulets mènent une existence bien pitoyable dans ce pays, et passent leurs journées en cage en plein soleil et poussière, le tout sans pouvoir bouger car l’entassement est un phénomène qui touche aussi les poulets. Plus on remplit la cage, plus on peut en transporter, les indiens l’ont bien compris. Que tout cela puisse jouer sur le goût et la qualité de la viande, les indiens ne l’ont pas compris! Et puis les boucheries, et la conservation de la viande après sont découpages sont bien effroyables, et cela ne donne pas envie d’en manger. Il faut donc bien choisir son râtelier.
La seconde raison à la non consommation de poulet, c’est que énormément d’indiens sont végétariens (je dirais au moins 50%), et que ceux qui me disent qu’ils sont non végétariens m’avouent ensuite qu’ils mangent du poulet 5 fois dans l’année pour les plus extrémistes! Il faudrait trouver un nouveau mot, parce que pour moi, manger 5 fois du poulet dans l'année ce n'est pas franchement être carnivore! 
Donc plus de 90% des Indiens ne consomment que peu ou pas de poulet! Fin du mythe! (Heureusement que je n’ai pas appelé mon blog bonjourpouletaucurry parce que la déconvenue aurait été plus grande que pour le coup des turbans!).

{Pour ceux qui désirent poursuivre leur culture du poulet, je conseille de vous rapprocher de la SCEP (Société Cairote d’Élevage de Poulet). Les comptes ne sont pas fameux, mais le potentiel est immense! }